1. Modèle de propriété hybride
Le CLT acquiert des terrains pour les gérer dans l’intérêt de la communauté. Il s’engage à ne jamais se dessaisir de ces terrains. Les bâtiments sur ces terrains sont eux la propriété individuelle des résidents, ou dans certains cas d’une organisation, comme une association ou une coopérative.
Le terrain est donc une propriété collective (car le CLT est géré par la communauté), tandis que les bâtiments érigés dessus sont la propriété individuelle de leurs acquéreurs. Afin de permettre cette séparation horizontale de la propriété, les CLT des États-Unis utilisent généralement des contrats de location à long terme (lease). À Bruxelles, le CLTB utilise des droits démembrés, et essentiellement le droit de superficie. Le propriétaire de l’immeuble paie mensuellement un «loyer» ou une redevance au CLT pour l’utilisation du terrain.
La séparation de la propriété du terrain de celle du bâti rend le logement accessible dans un premier temps (les acheteurs n’ont pas à payer le prix du terrain), mais elle garantit aussi le suivi par le CLT des conditions spécifiques d’occupation ou de transmission des logements, par exemple lors de la vente de maisons.
2. Prix perpétuellement abordable
Il s’agit d’une caractéristique essentielle des CLT. Les acquéreurs bénéficient d’un coup de pouce pour acheter un logement à un prix abordable, mais ils s’engagent à transmettre ce coup de pouce lorsqu’ils revendront leur logement.
Les propriétaires de logements CLT peuvent donc vendre leur maison, mais à un prix plafonné: le vendeur pourra récupérer ce qu’il a investi, et un petit montant complémentaire. Cette limitation du prix de vente garantit que l’accès à la propriété reste abordable pour les acheteurs successifs, revente après revente.
En pratique, les CLT utilisent différentes formules pour déterminer le prix de vente. Les plus courantes les formules qui offrent au vendeur une fraction de la plus-value prise par leur logement, mais certains CLT proposent plutôt une indexation du prix de départ, voire des formules qui lient l’évolution du prix de vente au revenu moyen du voisinage. De manière générale, les formules visent à établir un arbitrage juste entre les attentes légitimes des vendeurs et le maintien de l’accessibilité des logements. En d’autres termes, ils veulent filtrer “l’intérêt non acquis” théorisé par Henry George.
3. Géré par la communauté
Les CLT sont des organisations ouvertes. Les occupants de logements CLT, mais aussi toute personne qui vit ou travaille dans le quartier où le CLT est implanté, peuvent devenir membre, participer au développement du CLT, et élire leurs représentants au Conseil d’Administration. En général, un tiers des administrateurs représente les résidents, un autre tiers les voisins et la société civile, et le dernier tiers l’intérêt public ou le gouvernement. Cette répartition équilibrée garantit la participation des résidents à la gestion, tout en assurant que les intérêts des habitants du quartier et l’intérêt général seront également respectés. Là encore, un juste équilibre entre les intérêts individuels et généraux est primordial.
4. Intendance
Une caractéristique finale est ce que l’on appelle l’intendance (ou stewardship) dans la littérature sur les CLT. Le CLT assume la responsabilité permanente des terres qu’elle possède et des logements construits dessus. Afin d’assurer la pérennité de son projet, le CLT a tout intérêt à ce que les maisons soient bien entretenues. Les CLT sont donc très engagés pour informer et encadrer les résidents. Les CLT veillent en général à ce que les acquéreurs d’un logement ne contractent pas de prêts toxiques, leur proposent des formations et les soutiennent si nécessaire. Les CLT sont les “développeurs qui ne s’en vont jamais“.